Une biodiversité exceptionnelle à Madagascar mais en danger, quel développement durable pourrait la sauver ? Comment impliquer la population à son profit ? des exemples encourageants.
Une biodiversité exceptionnelle
La biodiversité de Madagascar est exceptionnelle. La grande île, la cinquième du monde en superficie, s’étire sur 1 600 km du nord au sud entre équateur et tropique et sur 600 km d’ouest en est. Elle est donc soumise à des influences climatiques très différentes selon la région, l’altitude et l’exposition aux vents dominants :
- forêts humides ou sèches
- épineux,
- mangrove,
- massif corallien,
- vallées,
- canyons…
Sa spécificité est le caractère endémique de la faune et de la flore dû à l’isolement de l’île dans l’Océan Indien depuis le jurassique et sa séparation d’avec les continents africains et indiens.
Cette biodiversité est aussi un patrimoine mondial dont la conservation nous concerne tous. La flore de Madagascar est un réservoir immense de plantes médicinales.
Une faune et flore emblématique
Lémuriens, tortues, caméléons, ou baobabs – ils sont tous typiques de Madagascar. Environ 5 pour cent des espèces animales et végétales du monde vivent sur l’île et la plupart d’entre elles y sont endémiques.
voir plus de photos de lémuriens en cliquant ici
accéder à plus de photos de caméléons ici du plus petit au plus gros
Une « méga » diversité
Grâce à cette biodiversité, Madagascar a été classé parmi les 17 pays « méga-divers » par le centre de surveillance et de conservation de la nature.
Selon Conservation International, Madagascar abrite 14000 espèces végétale dont 90% sont endémiques, 101 espèces ou sous-espèces de primates endémiques, presque 100% des 278 espèces d’amphibiens recensés sont endémiques …
Plus de photos de faune ou de flore sauvage
Une biodiversité pas encore totalement répertoriée
En voici quelques exemples,
2019 : de nouvelles espèces de grenouilles
2018 : un petit lémurien et des araignées cannibales annoncées jusque dans la presse française
2017 : un gecko et deux nouvelles espèces d’Aloe
2016 : 20 nouvelles espèces dont le lémurien souris et une nouvelle espèce d’Orchidée
Mais une biodiversité en danger
Cependant, plusieurs dangers guettent cette biodiversité sur la grande île.
La première cause qui saute aux yeux, c’est la disparition de la forêt. Dans les paysages de prairies, les baobabs isolés sont les témoins survivants de la forêt disparue.
Parmi les causes de cette déforestation, nous pouvons citer la culture sur brûlis, la pression démographique et l’utilisation quasi exclusive du charbon de bois comme combustible ou encore l’exploitation sauvage des ressources naturelles.
A Madagascar, l’homme ne menace pas seulement les forêts. Les récifs coralliens, le littoral, et les espèces marines qui y vivent sont également refoulés et détruits par les activités humaines. A cela s’ajoutent la chasse illégale et le commerce d’espèces animales et végétales, qui sont revendues à prix d’or sur les marchés internationaux.
La disparition de la forêt entraine aussi, la diminution des ressources en eau et des zones humides, riches en biodiversité. Cette diminution de l’accès à l’eau est aussi très pénalisante pour les cultures vivrières des hommes et le climat.
Le réchauffement climatique est lui aussi préoccupant : presque 25% des espèces de Madagascar pourraient disparaître d’ici 2080 pour cette raison. C’est le cri d’alarme que lance l’ONG WWF, le Fond Mondial pour la Nature, dans un rapport international « La vie sauvage dans un monde en réchauffement ».
Les mesures de sauvegarde de la biodiversité
Les parcs nationaux et les réserves naturelles
Plus 50 parcs nationaux et réserves (12 % du territoire) sont recensés à Madagascar. Dans la plupart des cas, la visite de ces aires protégées doit se faire sous la conduite d’un guide agréé – les guides parlent généralement français. Quand elle ne s’intègre pas dans un circuit organisé, cette visite nécessite un permis de l’organisme qui gère le site. Ce permis s’achète sur place, dans la ville la plus proche ou à Antananarivo.
La plupart des réserves et parcs nationaux sont gérés par :
- l’Association nationale pour la gestion des aires protégées (ANGAP)
- le Service des eaux et forêts avec l’aide du World Wildlife Fund (WWF)
- et d’autres organisations internationales.
Visiter des parcs nationaux et des réserves permet à la fois de découvrir une partie de cette biodiversité avec des guides passionnés et passionnants et de participer à leur financement. Nous y avons passé des moments sympathiques et instructifs. N’oubliez pas vos appareils photos !
Les programmes et soutiens internationaux
Compte-tenu de sa richesse en biodiversité, Madagascar reçoit heureusement le soutien de différents organismes et programmes internationaux.
La Banque Mondiale a élu Madagascar parmi les 6 pays sélectionnés pour le programme Waves (Wealth Accouting and Valuation of Ecosystem Services)
Conservation international est présent à Madagascar depuis 1990.
Le WWF agit pour la biodiversité à Madagascar depuis 1963.
Développement durable et biodiversité
Et pourquoi pas des projets communautaires de développement durable avec engagement de la population pour protéger cette biodiversité ?
Une des voies qui semble avoir de bons résultats dans divers pays est d’impliquer les populations dans des programmes éco-responsables.
NMP (National Madagascar Park) adopte le principe du développement durable et mise sur la co-gestion avec la communauté locale.
La réserve d’Anja, un exemple de sauvegarde de la biodiversité par le développement durable
Nous avons eu la chance de visiter la réserve naturelle communautaire d’Anja.
Outre les paysages magnifiques, les anciens tombeaux et la colonie de Maki Catta, cette visite nous a séduit par le sens du projet lui-même et l’implication de la population.
En discutant avec notre guide nous avons ainsi appris que ce projet d’éco-développement durable avait permis, entre autres, de :
- sauver et permettre le développement d’un petit groupe de Maki Catta en grand danger d’extinction,
- créer une zone de protection de la biodiversité en général, faune et flore,
- sauvegarder des anciens tombeaux, patrimoine culturel des villageois,
- améliorer de manière significative le revenu moyen du village,
- employer directement plus de 200 villageois,
- installer des panneaux solaires, permettant l’éclairage du village, améliorant la sécurité et autorisant la lecture et les devoirs scolaires après le tombée de la nuit,
- financer la construction d’une école et de diverses aides sociales,
- sensibiliser la population à la sauvegarde de cette biodiversité,
- redonner du sens et de la fierté aux habitants impliqués, ….
Plus de photos de notre visite ici
Toutes nos photos de Madagascar ici
Ce type de projets de développement durable pour la biodiversité nous a semblé porteur d’espoir.
Quelques recherches sur internet nous laissent penser que l’engagement de la population ne peut réussir que si le projet apporte un bénéfice réel aux personnes impliquées.
Autres exemples de projets pour la biodiversité avec développement durable :
- le collège des grands mamans
- soutien des fermiers
- des projets de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) Les projets, USAID Hay Tao et USAID Mikajy, seront axés sur le renforcement de la gestion communautaire des ressources naturelles. Tandis qu’USAID Hay Tao renforcera les informations, les politiques et les systèmes au niveau national, USAID Mikajy appuiera les communautés locales dans l’ouest et le nord-est de Madagascar pour gérer et profiter durablement de leurs ressources naturelles.
- neufs projets de développement durable financés ou co-financés par l’Union européenne.