Le lac Titicaca, situé dans la cordillère des Andes, est traversé par la frontière entre la Bolivie et le Pérou. C’est le plus grand lac d’Amérique du Sud en volume d’eauet en longueur (190km) Il est aussi considéré comme le plus haut lac navigable du monde (altitude : 3 812m) mais ce n’est rigoureusement exact que si on limite cette acception aux navires commerciaux de grande taille.
Le lac est le vestige d’une lagune datant de l’ère quaternaire qui occupait l’Altiplano. Le lac Titicaca lui-même déverse ses excédents dans le lac Uru Uru et le lac Poopó
C’est par ce lac qu’est née la culture aymara avant la colonisation et la christianisation.
Titicaca, un nom aymara
Le lac Titicaca semble tenir son nom d’un rocher situé sur l’Isla del Sol et appelé Titi Khar’ka, ce qui signifie « Roc du puma » en aymara. L’Isla del Sol est le véritable centre de la mythologie inca. L’Île du Soleil est une île bolivienne située sur le lac Titicaca. C’est la plus grande île du lac.
Selon une autre hypothèse, Titicaca serait une déformation de titijaya, qui veut dire « puma de pierre » (par référence aux pumas noyés et transformés en statues de pierre selon une légende locale) mais également « homme de cendre » (en effet les indigènes vivant autour de ce lac avaient coutume d’y brûler des hommes en offrande à Ayuma, dieu de la vie et de la mort).
Légendes du lac Titicaca
Le premier dieu Viracocha aurait surgi de ce lac et créé le monde ainsi que toutes les civilisations des Andes.
Les fondateurs de Cuzco issus du lac Titicaca.
Selon une légende, les fondateurs de Cuzco, Manco Cápac et Mama Ocllo son épouse et sœur, ont émigré des bords du lac Titicaca – leur lieu de « naissance » – sur les conseils de leur père, le dieu soleil, pour fonder Cuzco, le nombril du monde Inca.
Les pumas de pierre
Une légende raconte que les hommes vivaient heureux dans une vallée fertile. Rien ne leur était interdit sauf monter dans la montagne. Le diable, jaloux de leur tranquillité, leur dit d’aller dans la montagne chercher le feu sacré, sinon un malheur s’abattrait sur eux. Mais les dieux de la montagne appelés « Apus » les surprirent et firent sortir des cavernes des pumas, qui dévorèrent toute la population. Inti, le dieu du soleil qu’ils vénéraient, pleura pendant 40 jours et 40 nuits sans s’arrêter, ce qui inonda la vallée et créa le lac Titicaca ; seul un couple survécut en se mettant dans une barque. Ils dirent que, de leur barque, ils avaient vu les pumas, qui s’étaient transformés en pierre. C’est pour cela que le lac s’appelle « el lago de los pumas de piedra », le lac aux pumas de pierre.
Ces pumas de pierre sont aujourd’hui représentés dans la symbolique Aymara par la figure de proue des bateaux (les balsa), une tête de puma tressée.
La trahison de Pizarro et l’or des Incas
Il existe une autre légende qui raconte qu’un trésor inca dormirait au fond du lac. Il s’agirait d’une partie de ce même grand trésor des Incas du seizième siècle.
Quand Francisco Pizarro captura l’empereur Atahualpa en 1532 à Cajamarca, il lui promit la vie sauve en échange de richesses. Le conquistador espagnol exigea que l’Inca lui verse une rançon colossale, soit une quantité d’or et d’argent capable de remplir la pièce où Atahualpa était prisonnier : 35m2 de surface sur une hauteur de deux mètres. L’Inca donna des ordres à ses lieutenants pour que la rançon soit acheminée des quatre coins de l’empire. L’or afflua et la rançon fut presque totalement payée. Sur le lac Titicaca, une navette de barques convoya des kilos d’or et d’argent, entre la rive est et la rive ouest.
Mais le 29 Août 1533, quand les mariniers apprirent l’exécution d’Atahualpa par Francisco Pizarro, ils comprirent que l’espagnol n’avait pas tenu parole et qu’il avait trahi l’Inca. Révoltés, ils auraient jeté le trésor dans les eaux du lac.
La civilisation des Tiwanakus
La grande civilisation des Tiwanakus, qui pour de nombreux spécialistes représente le 1er empire andin, s’est épanouie sur les rives du lac Titicaca entre le cinquième et neuvième siècle de notre ère. Les Tiwanaku se servaient du lac pour faire des offrandes, telles que des feuilles d’or ou des ossements de lama adressés au dieu Obaton. En 2007, une équipe archéologique bolivienne et Christophe Delaere ont mis à jour plusieurs structures massives dont une pyramide et un temple semi-souterrain dans la capitale des Tiwanakus, Tiahuanako. Ces monuments témoignent de la complexité de cette civilisation.
Grâce à la proximité du lac, les Tiwanakus étaient de prospères agriculteurs, qui tiraient leurs richesses de la terre fertile. Cette civilisation se servait du lac Titicaca pour des activités économiques et commerciales.
À l’opposé, pour les Incas, le lac était un lieu strictement sacré où seuls les rituels étaient permis.
Les indiens Uros et les Aymaras
Une légende locale autochtone prétend que les premiers habitants de la région avaient six doigts et s’appelaient les Uros. De nos jours, on appelle Uros ceux qui vivent sur des îles flottantes.
Celles-ci sont fabriquées à partir de roseaux flottants (en fait du jonc Totora) et sont devenues une étape touristique presque « obligatoire », ce qui permet aux habitants de vivre en partie de ce tourisme et de maintenir un tant soit peu cette culture.
En réalité, la dernière véritable Indienne Uros est décédée en 1959 et les occupants des îles sont depuis des Aymaras qui s’accrochent depuis longtemps aux terres bordant le Titicaca.
Les Aymaras y font pousser du quinoa, plante cultivée pour ses graines riches en protéines et y élèvent des lamas. Les fameux bateaux en jonc totora traditionnels sont maintenant remplacés par des barques en fibre de verre ou en plastique, et à moteur.
Les seuls bateaux en totora sont pour les touristes.
Les îles Taquile et Amantani
Ci-dessous l’île Amantani vue depuis Taquile, deux îles authentiques.
Taquile
Située à 45 kilomètres à l’est de la ville de Puno, l’île de Taquile est vallonnée et mesure, dans ses plus grandes dimensions, 5,5km sur 1,6km, avec une superficie de 5,72 km2. Taquile compte environ 2 200 habitants.
Elle servit de prison durant la colonisation espagnole et au vingtième siècle. En 1970, l’île devint la propriété des personnes qui y vivaient jusque-là. Les habitants, qu’on appelle les Taquileños, parlent le sud-quechua.
Le point culminant de l’île se situe à 4 050 mètres au-dessus du niveau de la mer, et son village principal est à 3 950 mètres d’altitude. On trouve des ruines pré-Incas sur la partie la plus haute de l’île, ainsi que des terrasses agricoles sur les coteaux. Depuis les hauteurs de Taquile, on a une vue sur les sommets enneigés de Bolivie.
La vie à Taquile est encore largement épargnée par la modernité du continent. Il n’y a pas de voiture sur l’île, ni d’hôtel, et seuls quelques petits magasins vendent des produits de base.
Amantani
De forme circulaire, l’île Amantani a une superficie de 9,28km2, et une population de 3 663 habitants répartis en 800 familles. Elle est parfois appelée « île du Kantuta », parce qu’on y trouve en abondance la Cantua buxifolia, que la Bolivie et le Pérou ont choisi comme plante-emblème.
L’île dispose de deux pics, le Pachatata (la « terre de père ») et le Pachamama (la « terre mère »), avec des ruines Inca et Tiwanaku sur leur sommet. Les collines sont en terrasses principalement travaillées à la main et plantées de blé, de quinoa, de pommes de terre et d’autres légumes.
Costumes et artisanat
On estime que le savoir-faire des iles Taquile et Amanatani est une des plus anciennes traditions artisanales du Pérou. Son importance est aujourd’hui reconnue grâce à son apparition sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.
Tout le monde y participe, hommes, femmes et aussi les enfants qui commencent à pratiquer dès leur plus jeune âge. Les femmes sont chargées de filer la laine et les hommes de tricoter. Et vous allez forcément les voir à l’oeuvre au détour d’un chemin en marchant !
On y porte toujours le costume traditionnel. Les femmes sont généralement habillées en rouge et noir et les hommes en noir et blanc.
Ici rien n’est laissé au hasard car les couleurs et motifs des vêtements ont une symbolique:
- Le chullo (le bonnet andin) reflète l’âge et le statut social de l’homme qui le porte. Rouge pour l’homme marié, blanc et rouge avant le mariage.
- La ceinture peut représenter des événements importants personnels ou de la communauté (la mariée offre à son époux une ceinture cousue avec ses cheveux).
- Les femmes portent un chuku (châle) noir ou bleu, posé sur la tête ou les épaules, avec une chemise, plusieurs polleras (longues jupes) et une chumpi rouge.
- On reconnaît aussi ceux qui occupent des postes d’autorité (maire, etc.). Ils portent un poncho particulier avec un chapeau et une veste noire, et certains ont un sceptre en bois.
Si vous cherchez à encourager la communauté ou simplement rapporter un souvenir, vous pouvez voir les plus beaux exemples au marché d’artisanat sur la Plaza de Armas.
Visiter les îles
L’agence local de Cuzco nous a organisé un circuit de 2 jours au départ de Puno.
Jour 1 : Iles Uros et Amantani
Découverte des îles flottantes
Nous commençons par une visite explicative sur une des îles Uros. C’est en bateau traditionnel en Totora, que nous allons ensuite déjeuner dans un restaurant sur la grande île commerçante de la communauté.
Arrivée sur l’île Amantani
Le bateau nous emmène en fin d’après-midi sur l’île Amantani et le chef du village réparti les touristes dans les familles de la communauté. L’accueil est simple et très chaleureux, nous faisons connaissance avec toute la famille.
Nous sommes bien installés, le nuit est fraiche pendant l’hiver andin, les 4 couvertures ne seront pas de trop
Coucher de soleil au sommet de Pachamama
Lors de la soirée organisée par la communauté, nous montons au sommet de Pachamama pour admirer le coucher du soleil
Cérémonie au soleil
Nous avons la chance d’être hébergés dans la même famille qu’un apprenti chaman. Ce dernier ajoute du piment à notre balade en nous invitant à une cérémonie au soleil et une offrande à la Pachamama. Au sommet de la colline, près du temple de Pachamama, il nous fournit à chacun 3 feuilles de coca. Nous soufflons trois fois dessus face au soleil couchant en pensant au passé, au présent et à notre futur. Nous les offrons ensuite à la Pachamama en les coinçant entre deux pierres du temples.
Soirée dansante
En redescendant, nos hôtes nous prêtent des vêtements traditionnels pour aller à la soirée dansante. Je ne sais pas si ce jour est une occasion particulière, en tout cas, ils sont très heureux de faire la fête. Et que de sourires quand on accepte d’entrer dans la danse avec eux.
Boissons et brochettes accompagnent la petite fête communautaire.
Nuit étoilée
Nous admirons le ciel étoilé avant de nous coucher. La plupart des familles utilisent des bougies ou des lampes de poche alimentées par des piles ou à la main. Les nuits claires et l’absence de pollution lumineuse font de ces iles l’endroit idéal pour admirer les étoiles et la croix du Sud.
Jour 2 : Journée à Taquile et retour à Puno
Promenade et déjeuner à Taquile
Après une nuit confortable mais très fraîche, nous sommes transférés sur Taquile. Nous traversons de l’île à pied et déjeunons de poissons du lac dans un restaurant avec une superbe vue sur la cordillère.
Arrêt au village et retour vers Puno
Un petit arrêt s’impose au centre artisanal de Taquile sur la place d’armes. Nous en profitons pour observer la vie du village.
C’est enchantés par notre séjour que nous rejoignons à pied le petit port pour prendre le bateau pour Puno.
Pour aller plus loin
Pour préparer un voyage ou tout simplement pour rêver un peu, vous pouvez :
- jeter un oeil sur l’ensemble de nos publications sur le Pérou
- consulter les propositions sur le Pérou d’Evaneos
- visiter le site de Tierras de los Andes, l’agence locale avec laquelle nous avons organisé ce beau voyage
- lire le guide Lonely Planet du Pérou
- visionner une vidéo de partir.com sur le Pérou
- ou bien regarder deux jolis films d’Echappées belles sur le Pérou, le premier avec Jérôme Pitorin ou celui avec Sophie qui révèlent un peu des rencontres et découvertes telles que nous avons pu les vivre.
Nos photos
- Nos photos du lac Titicaca.
- voir beaucoup, … beaucoup plus de photos de notre très beau voyage au Pérou ici
N’hésitez pas à nous poser des questions sur notre voyage au Pérou
Vous pouvez les poser par mail ou dans les commentaires ci-dessous
Vous aussi avez aimé ce lac et ces îles ?
-
- à quelle période de l’année ?
- quelle météo avez-vous eu ?
- avez-vous organisé votre voyage seuls ?
- quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
- quels sont vos coups de coeur ?
- vous avez d’autres conseils ou bons plans partager ?
- vous avez quelques photos à partager ?