Deuxième ville la plus peuplée après Lima, Arequipa, « la ville blanche », est une des plus jolies du Pérou.
Située à 2335 m d’altitude, entre les volcans Misti, Chachani et Pichu Pichu, elle est peut-être moins connue que Cuzco, mais la visiter vous fera découvrir son charme incontestable.
Arequipa, les origines du nom
Deux types d’étymologies existent pour expliquer le nom de la cité.
Tirée du quechua
Une tradition locale déclarant que le Sapa Inca Mayta Cápac (1230-1320) aurait reçu une pétition de certains de ses sujets désireux de s’installer dans la vallée du Río Chili. Ils lui ont demandé la permission de rester dans la région car ils étaient impressionnés par la beauté du paysage et la douceur du climat. L’Inca aurait répondu « Ari qhipay » « Oui, reste » ou « Ari, quepay » qui signifierait « Ici, vous restez »8.
Venant de L’Aymara
Cependant, un autre conte similaire déclare que lorsque les premiers européens sont arrivés dans la vallée, ils ont pointé du doigt le sol et demandé le nom de la région. Le chef local, ne comprenant pas ce geste, a supposé qu’ils demandaient la permission de s’asseoir et répondu, quelque chose qui ressemblait à Arequipa, soit « faites comme chez vous »
Une autre origine possible du nom de la ville – proposée par le spécialiste du quechua Juan de la Cruz Salas y Sánchez et l’historien Ernst Middendorf – vient de la phrase aymara « qhipaya ari » ou « Ari qipa » (de ‘ari’: aigu ou pointu et ‘qhipaya’: derrière), qui se traduit par « derrière le pic », se référant au volcan Misti voisin ou bien ari (montagne) + kipa (auprès) ce qui signifierait approximativement « près de la montagne ».
Histoire d’Arequipa, la ville la plus espagnole du Pérou
L’histoire d’Arequipa commence, c’est attesté par des découvertes archéologiques, entre le sixième et le cinquième millénaire avant Jésus-Christ. Les peuplades nomades se sédentarisent alors dans cette vallée fertile encadrée de volcans. Diverses communautés d’agriculteurs s’y établissent qui maîtrisent les techniques de l’agriculture en terrasses et leur irrigation.
Puis vers le douzième siècle la région tombe sous la domination du Sapa Inca jusqu’à la colonisation espagnole du seizième siècle.
La ville coloniale
La ville coloniale a été fondée le 15 août 1540, sous le nom de « Villa Hermosa de Nuestra Señora de la Asunta » et dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, au nom du marquis Francisco Pizarro, tandis que le 22 septembre 1541, le roi des Espagnes Charles 1er a ordonné qu’elle soit appelée « Ville d’Arequipa ».
Après la chute de l’empire inca et pendant la période de vice-royauté espagnole (1542 – 1824), la ville s’est distinguée par son rôle de plaque tournante du commerce entre le centre et le sud du pays, via les ports de Quilca et d’Islay sur le Pacifique. Cela a favorisé le développement d’une petite bourgeoisie au détriment des grands propriétaires terriens.
Arequipa est restée fidèle à la cause royale pendant les guerres entre conquistadors et pour cette raison reçut plusieurs distinctions. Elle reçut les titres qui lui ont été accordés tels que ville « Très Noble et Très Fidèle » et même, cité « Fidélissime ».
Histoire récente
Pendant la période républicaine du Pérou, l’importance de la ville d’Arequipa s’est encore accrue et continue de grandir. Elle a été au centre de rébellions populaires, civiques et démocratiques et elle a également été le berceau de nombreuses personnalités intellectuelles, politiques et religieuses exceptionnelles dans le pays.
Arequipa qui est aujourd’hui la capitale de la province d’Arequipa, mais également la 2ème plus grande ville du pays, est aussi le siège de la cour constitutionnelle et la « capitale juridique du Pérou ». Elle a servi deux fois de siège au gouvernement péruvien en 1835 et en 1886 comme capitale de la République péruvienne.
Dialecte
Un autre élément de la culture d’Arequipa qui la distingue du reste du Pérou, c’est son dialecte espagnol, qui incorpore une façon rythmique caractéristique de parler, dans laquelle la dernière voyelle du mot final est généralement prolongée à chaque phrase.
Le voseo : l’espagnol d’Arequipa intègre également plusieurs mots du quechua, en plus de l’utilisation du pronom personnel « vos » (vous) pour s’adresser à une personne.
Une histoire marquée par les tremblements de terre
La ville subit dans son histoire de nombreux séismes, entre autres en 1582, 1600, 1831 et 1868, 1958, 1960, puis au xxième siècle.
1582
En 1582 un tremblement de terre détruit la petite cité. Les dégâts sont si considérables que le vice-roi ordonne au conseil de délibérer sur ce qu’il convient de faire : reconstruire ou déplacer la ville vers un endroit plus sûr. Le conseil municipal décide de maintenir Arequipa à son emplacement. En 1595 commence l’édification de la Compania de Jesùs, le premier monument important réalisé principalement en pierre volcanique.
1868
Le tremblement de terre d’Arica, une ville portuaire au nord du Chili (25 000 morts), se déclenche le 13 août 1868 vers 16 h locale. De magnitude estimée à 9, il a dévasté une grande partie du sud du Pérou dont Arequipa. Il a été l’un des plus forts et des plus destructeurs de l’histoire de la cité.
Les suites désastreuses ont suivi ; vols et pillages, pénuries. La population est restée pendant quelques jours sans eau dans les citernes, les fontaines et les fossés urbains. De plus, les répliques étaient nombreuses et la peur augmentait. En raison des croyances de l’époque, les prêtres ont annoncé à la population que ces adversités n’étaient que des « avertissements » de la « colère divine » et des « punitions du Seigneur pour les iniquités commises ».
La population s’est rapidement organisée, réussissant à extraire des décombres cent cinquante morts et à leur donner une sépulture avec l’aide des chiliens chargé de la construction du chemin de fer qui ont aussi travaillé au nettoyage des fossés urbains et réparé des tronçons effondrés de fossés agricoles.
2001
Le violent tremblement de terre du 23 juin 2001, avec une magnitude de 8,4 est l’un des plus grands séisme, survenus dans le monde depuis 1900. À cause de cette catastrophe de nombreux bâtiments historiques d’Arequipa ont été endommagés ou détruits.
Impact historique
Ces tremblements de terre majeurs ont marqué les moments clés de l’évolution architecturale d’Arequipa. On peut ainsi identifier cinq périodes de développement :
- la fondation en tant que village (1540-82),
- la splendeur baroque (1582-1784),
- l’apparition du rococo et du néoclassicisme (1784-1868),
- l’empirisme moderne et la mode néoclassique (1868-1960),
- et la création contemporaine.
La ville est inscrite depuis 2000 au patrimoine historique de l’UNESCO
« Le centre historique d’Arequipa, construit en sillar – une roche volcanique – représente la fusion de techniques de construction européennes et autochtones qui s’expriment dans l’œuvre admirable des maîtres coloniaux et des maçons « criollos » et indiens. Cette fusion se manifeste dans ses murs robustes, ses arcades et ses voûtes, ses cours et ses espaces ouverts, ainsi que dans la complexe décoration baroque de ses façades ».
Visiter Arequipa, la ville blanche
Prendre de la hauteur
Pour commencer, le mirador Yanahuara est un excellent point de vue pour admirer la ville et les volcans qui l’entourent !
Le coeur historique d’Arequipa
Le cœur de la ville historique est la Plaza de Armas (Plaza Mayor) avec ses arcades, l’hôtel de ville et la cathédrale.
Dans un angle de la place se dressent l’église et les cloîtres de La Compañia, l’ensemble le plus représentatif de la période du baroque mestizo de la fin du XVIIIe siècle.
Le couvent Santa Catalina
Au couvent de Santa Catalina, dans la ville d’Arequipa au Pérou, le temps semble avoir suspendu son vol. Ce majestueux couvent de 2 hectares a été édifié en 1579 et accueillait au fil des siècles jusqu’à 500 religieuses. Votre visite de ce monastère vous promet bien des surprises : depuis les couleurs vives de ses murs jusqu’aux bâtiments grandioses qu’il habite, vous serez transportés des siècles en arrière.
Aujourd’hui, la majeure partie de ce bel ensemble est réservé aux visites touristiques, mais une partie reste encore préservée du monde extérieur puisque des religieuses y vivent au quotidien.
Par ailleurs, le couvent est inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO.
Visite du couvent
Le monastère de Santa Catalina est une spectaculaire citadelle religieuse qui intègre des styles architecturaux du XVIe au XIXe siècle. Le complexe de San Francisco comprend une petite place, l’église principale, le couvent et les cloîtres du tiers ordre. Les chapelles et les couvents de Santo Domingo datent du XVIe au XVIIIe siècle : San Agustín, La Merced et l’église de Santa Maria ; Santa Teresa et Santa Rosa ; le Puente Real (aujourd’hui Puente Bolognesi) et le Puente Grau sont aussi faits de sillar.
On retrouve dans cette petite ville bien organisée des ruelles aux consonances andalouses : les Calles Cordoba et Sevilla par exemple. Le style architectural est typique de cette région d’Espagne et directement importé de celle-ci.
N’oubliez pas de faire un détour dans l’ancien dortoir, aujourd’hui transformé en pinacothèque abritant des toiles de l’école de Cuzco. Vous pourrez également faire le tour d’un musée archéologique consacré aux civilisations nazca et chimu.
Nous avons fait la visite du site dans la matinée, c’est la meilleure lumière. Après un premier tour guidé avec toutes les explications nécessaires en français, nous avons pris le temps de flâner dans les ruelles afin de profiter davantage de ce monastère exceptionnel tout en couleurs et de prendre plusieurs photos.
Juanita, la momie d’Arequipa
Juanita est une émouvante momie inca découverte presque intacte en 1995. On peut l’observer au musée Museo Santuarios Andinos d’Arequipa.
Juanita est la plus belle momie inca congelée découverte à ce jour. C’est aussi l’une des momies les mieux conservées au monde (on entend par là momies naturelles, pas à l’égyptienne).
Découverte
Elle a été trouvée le 8 septembre 1995 à 6 300 mètres d’altitude par un archéologue américain Johan Reinhard et son guide péruvien Miguel Zarate après avoir réposé 500 ans dans les glaces. On l’appelle Juanita en l’honneur d’un de ses découvreurs Johan qui serait Juan en espagnol (dont l’équivalent féminin serait Juanita).
Etant à la recherche de vestiges incas, les deux hommes arpentaient les flancs du volcan Ampato au sud du Pérou dont les glaces étaient en train de fondre suite à l’éruption de son proche voisin Sabancaya. La fonte de glace, brutalement accélérée par la cendre grise volcanique absorbant le rayonnement solaire, a causé la chute de la momie qui se trouvait originairement au sommet de la montagne. Lors de cette chute, Juanita a perdu le tissu qui lui couvrait le visage. C’est pour cela que lorsque qu’elle a été découverte, son visage était desséché et ravagé par le soleil, alors que le corps (chair et organes) était glacé et intact.
Les sacrifices Incas
L’enfant avait entre 12 et 14 ans au moment de sa mort. On pense qu’elle a été sacrifiée par les Incas lors d’une cérémonie de « capac cocha ». Le capac cocha est un rite sacrificiel important chez les Incas qui implique généralement le sacrifice d’enfant. Ces sacrifices avaient pour but d’apaiser la fureur du volcan et de demander aux montagnes de bonnes récoltes. On ne sacrifiait que les enfants très beaux et en bonne santé.
Les Incas ont cheminé presque 600 kilomètres depuis Cuzco jusqu’au lieu de sacrifice. Accompagnés d’une partie de sa famille et des gens du village, ils ont gravi la montagne après y avoir passé une nuit à plus de 6000 mètres d’altitude. Ensuite, seuls les prêtres et la jeune fille sont montés vers le sommet. Après une cérémonie, Juanita, affaiblie par la montée, le froid et anesthésiée par la chicha (boisson alcoolisée à base de maïs) et les feuilles de coca, a été sacrifiée par un violent coup sur la tête. Elle a été enterrée à quatre mètres de profondeur en position foetale entourée de divers objets, statuettes, os de lamas, poteries ou feuilles de coca.
Exposition et conservation au musée Santuarios Andinos
Aujourd’hui, la princesse des glaces repose dans un caisson à moins 20 degrés. Elle est toujours dans la même position de fœtus dans le musée Santuarios Andinos à Arequipa. Elle est exposée chaque année de mai à décembre. En dehors de cette période, c’est Sarita, une autre momie congelée, qui est exposée, tandis que Juanita est en préservation.
Un hôtel en centre-ville pour profiter de l’ambiance de jour comme de nuit
Le nôtre est situé en face du célèbre couvent et est même installé dans une ancienne dépendance.
La ville est en fête
La nuit est joyeuse et animée ; les restaurants nombreux et variés offrent des spécialités locales issues des plats espagnols, Nous avons apprécié la chupe de camarones …
Pour aller plus loin
Pour préparer un voyage ou tout simplement pour rêver un peu, vous pouvez :
- jeter un oeil sur l’ensemble de nos publications sur le Pérou,
- consulter les propositions sur le Pérou d’Evaneos
- visiter le site de Tierras de los Andes, l’agence locale avec laquelle nous avons organisé ce beau voyage
- lire le guide Lonely Planet du Pérou
- visionner une vidéo de partir.com sur le Pérou
- ou bien regarder deux jolis films d’Echappées belles sur le Pérou, le premier avec Jérôme Pitorin ou celui avec Sophie qui révèlent un peu des rencontres et découvertes telles que nous avons pu les vivre.
Nos photos
- Nos photos de la La ville blanche,
Pour voir beaucoup, … beaucoup plus de photos de notre très beau voyage au Pérou, vous pouvez cliquer ici
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